La libération de SAUVIAN le 22 août 1944

Photo capitaine René Prax libération de Sauvian le 22 août 1944 memoiredesauvian.fr
Le capitaine René Prax

Le 11 novembre 1942 les Sauviannais, qui s'apprêtaient à rendre hommage aux morts de la Grande Guerre, virent arriver au village un convoi d'environ 200 Allemands qui prirent immédiatement possession de la mairie et installèrent à son balcon le drapeau nazi. Ils réquisitionnèrent pour eux et leur entourage les plus belles maisons du village et pour les soldats, les chambres libres chez l'habitant. Ils instaurèrent immédiatement le couvre-feu à 21 heures ainsi qu'un Ausweiss (laissez-passer) pour circuler à l'extérieur du village, dans la plaine et sur le coteau. Trois fois par jour, ils défilaient au pas de l'oie pour bien montrer leur présence. La Kommandantur était installée dans la maison à l'angle de la rue de la Tour, une division SS avait pris ses quartiers dans la maison Calvet, quelques soldats dont un capitaine s'étaient installés à la Condamine. Outre l'occupant, les Sauviannais devaient aussi se méfier de ceux qui collaboraient avec l'ennemi, au nombre de neuf, plus ou moins engagés, qu'ils évitaient afin de ne pas avoir d'ennuis. Certains d’entre eux ne se cachaient pas, invitant à leur table les gradés allemands qui leur fournissaient les vivres et leur évitaient ainsi de subir les restrictions. Heureusement, il y avait aussi des courageux, cinq ou six, qui refusaient d'aller surveiller la voie ferrée à Villeneuve ou encore qui veillaient sur les maisons lors des alertes aériennes afin d'éviter les pillages auxquels certains, sans scrupules, tentaient de s’adonner. La population supporta pendant presque deux ans la présence de l'ennemi avec toutes les contraintes que cela entraînait.

 

Ce 22 août 1944, dans le village silencieux, vers 15 heures, un bruit de camions attira la curiosité des villageois. À travers les volets mi-clos, ils aperçurent le capitaine René Prax, un des leurs qui, en avant-garde de son régiment en route vers Agde après la libération de Béziers, avait voulu être le premier à entrer dans Sauvian. En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, la place et les alentours de la mairie furent noires de monde. Les habitants, brandissant des rubans et des drapeaux tricolores, acclamèrent leur libérateur qui saluait la foule au balcon. Mais l’ennemi avait fui avant son arrivée et celle des FFI qui, après le capitaine Prax, étaient survenus, jetant par la fenêtre le portrait du Führer, le drapeau à la croix gammée et tout ce qui restait de l'occupant. Lorsqu’ils hissèrent le drapeau national au fronton de la mairie, les habitants entonnèrent la Marseillaise. Lorsqu'on voulut brûler tout ce qui rappelait l'occupant, on dut asperger le drapeau nazi d'essence car il refusait de se consumer. On chercha les « collabos », mais eux aussi avaient disparu. Le plus virulent d’entre eux fut arrêté à la gare de Béziers et passé à tabac par les résistants présents sur les lieux pour empêcher les fuites. Il fut laissé pour mort, transporté à l'hôpital avec une fracture du crâne et d'autres blessures. Il resta plus d'un mois dans le coma. Les autres collaborateurs sauviannais furent tous retrouvés, condamnés pour certains à 3 ans de prison et d'autres internés dans des camps durant plusieurs années.

 

Sauvian était libéré ! Et la gratitude des habitants envers leurs libérateurs, incarnés par le capitaine Prax, un Sauviannais, et qui fut si grande ce 22 août 1944, ne doit jamais être oubliée…

 

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